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Les Montagnes parlantes - Un film de Jean-Christophe Leforestier et Christian Zarifian (1991 - 38 minutes)

 


Eric Jarno

Cinémaction

Les Montagnes parlantes explore un autre exotisme : une école maternelle et les petits gardiens du trésor de la cour de récré. Leforestier et Zarifian ont pris le temps qu’il fallait et ont tenté d’approcher, avec leur regard d’adulte, les secrets de cette microsociété. Formellement, le film s’articule en trois “journées” construites autour d’un thème (leur imaginaire, leurs jeux). “Difficile de filmer des enfants, ils sont imprévisibles. Tout pouvait arriver, il y avait des choses qui démarraient et pouvaient s’arrêter aussitôt.”, explique Christian Zarifian, mais lorsque les choses fonctionnent, un microrécit se construit et un sentiment absolu de l’innocence recouvrée affleure. Pour preuve, ce petit événement qui frôle le hors-sujet : lors d’une récréation, un jeune adolescent noir s’arrête devant la cour de l’école ; un dialogue s’instaure entre l’extérieur et l’intérieur, l’adolescent improvise une danse hip-hop et porte son baladeur aux oreilles de deux écoliers, manifestement ravis et très fiers. Quelques minutes plus tard, ces deux mêmes garçons s’essayeront à imiter le smurfeur de tout à l’heure. Maladroits, ils éclatent de rire. Nous aussi.

Philppe Lenoir

Le Havre Libre (Mars 1992)

Dans cette sélection du Festival "Cinéma du Réel", un film réalisé au Havre et entièrement tourné dans une école maternelle (l'école Percanville), Les Montagnes parlantes, n'est pourtant pas un documentaire sur la vie scolaire. Les réalisateurs, qui souhaitaient depuis longtemps faire un film sur les enfants, ont choisi le cadre de l'école, car c'est un endroit privilégié pour capter les rapports qu'entretiennent entre eux les chères petites têtes blondes (ou brunes). Après de longues semaines passées dans l'école à tourner des scènes très diverses, principalement à la récréation, car les enfants y sont plus libres, les cinéastes ont senti que quelque chose leur échappait encore. Ils ont alors imaginé de projeter à un petit garçon et trois petites filles de la classe un pré-montage du film, et d'enregistrer leurs réactions et commentaires. Les Montagnes parlantes n'est donc pas un documentaire comme les autres : ce sont les enfants eux-mêmes, en voix-off, qui ouvrent la porte de leur univers, qui lui servent de guide dans le dédale des images. Grâce à eux, l'étrangeté de certains jeux ou comportements, qui va grandissante au fil du film, nous devient très proche, très familière. Nous entrons peu à peu dans le mystère de l'enfance, dans le mystère des enfants que nous avons été.